Histoire d’un flop : la fois où j’ai dit oui

Histoire d’un flop : la fois où j’ai dit oui

by Salim Ammara / Jeudi, 03 Juillet 2014 / Published in Marketing Inbound

Quand j’étais petit, j’avais un rêve. Je me rappelle encore la première fois où j’ai écrit ce rêve sur une ardoise quand la maîtresse à l’école nous a demandé cette fameuse question : Que voulez-vous faire quand vous serez grands?

À côté des réponses tantôt originales, tantôt bizarres (il y a des métiers auxquels des enfants ne devraient pas aspirer et je passerais les commentaires), je n’avais aucune hésitation. Je voudrais devenir propriétaire de ma propre entreprise.

quand-je-serais-grand

Comme beaucoup de gens, j’ai trainé ce rêve avec moi sur plusieurs années et je n’ai jamais perdu de vue cette idée qu’un jour, je serais le roi dans mon propre terrain de jeu.

Plus tard, quand le choix de carrière devenait plus présent dans ma vie, j’ai eu ma part d’hésitation comme beaucoup d’autres. Décidément, je n’étais pas destiné à suivre un chemin tout tracé.

Après avoir obtenu mon baccalauréat en sciences expérimentales en Tunisie, j’ai décidé de changer de cap, et pas à peu près.

 

 

Ma première mini dépression fut suite à mon inscription au Baccalauréat en sciences économiques à l’Université de Montréal, puis ma deuxième fût quand j’ai entamé mes études en communication à l’UQAM. Je réussissais à peine à terminer un cours, je dormais mal et je n’aimais pas cette routine qui faisait de moi un esclave captif des responsabilités de la vie, en plus de l’impression de perdre mon rêve de vue.

À ce moment précis de ma vie, je me suis promis une chose, concrétiser mon rêve d’enfance. Étant qualifié de charlatan par plusieurs de mes amis et ayant passé les 7 dernières années à travailler dans la vente et le marketing, j’ai décidé d’entamer un nouveau baccalauréat en Administration des affaires, avec une option Marketing à l’université de Sherbrooke, question de donner une chance à ce domaine si intriguant

Quelle décision! La deuxième meilleure de ma vie. Je n’arrivais pas à croire comment j’ai pu passer à côté de cela durant tout ce temps! Tout d’un coup, tout devenait plus coloré. Je mangeais sainement, je dormais bien, je recommençais ma routine d’entrainement et mon appartement sentait moins le renfermé. Je me sentais libre, épanoui.

C’est exactement le chemin dont j’ai besoin pour créer ma propre boîte un jour, et j’étais à côté de la plaque depuis un bon moment.

Quelques mois après, je me découvrais cette passion. La créativité, la stratégie et l’esprit marketing me possédaient complètement au point qu’une deuxième révélation frappa à ma porte. Pourquoi donc je ne me lancerais pas en agence de marketing?

Je me débrouillais pas mal en SEO, je pouvais créer des sites web en un week-end, et je trainais constamment sur les réseaux sociaux, comme 99% des jeunes de ma génération. Avec une bonne formation en marketing, ce serait le meilleur des deux mondes!

Sur le champ, mon rêve devenait plus palpable et mes idées se développaient à mon gré.

J’en parlais à tous mes amis, et heureusement que j’ai su oublier certains commentaires négatifs, contre-productifs à mon sens.

Quelque temps plus tard, durant ma deuxième année d’études, je rencontrais mon premier client par l’intermédiaire d’un ami pour un contrat à la pige… Un joueur dans l’industrie alimentaire au Canada dont je tairais le nom pour des raisons que vous comprendrez plus loin.

Suis-je prêt? Suis-je certain de vouloir relever ce nouveau défi? Du SEO, j’en avais déjà fait dans ma période Geek et la stratégie marketing, c’est ma passion. Mais ai-je suffisamment de connaissances pour répondre au besoin de ce client? Créer un plan d’action SEO et une campagne PPC en une semaine? Je n’avais jamais fait cela professionnellement, mais ces questions ne me sont même pas passées par la tête.

J’ai dit oui.

Heureux de ce premier contrat à 1200$, j’ai foncé tête première dans le tas. Après tout, c’est comme ça que j’ai toujours tout appris. Tomber, ce n’était pas une option, j’avais le vent dans les voiles et je n’avais qu’une seule idée en tête, réussir ce premier défi me donnerait la flamme nécessaire pour continuer à nourrir cette expérience.

Je ne saurais dire le nombre d’heures que j’ai mis sur ce contrat. Des nuits blanches à créer des stratégies de backlinking, à tester des petites techniques aujourd’hui considérées comme du Black Hat (et oui, on est tous passés par là un jour), à analyser des balises et à dénicher des mots clés intéressants pour la campagne. J’ai même appris à utiliser Google Adwords la veille de ma première rencontre client dans l’espoir de lui prouver que je maitrisais bien les enjeux du web, et que j’étais LA personne de choix à qui il devrait faire confiance.

Bref, dans le temps, l’argent n’était pas ma priorité. Mon objectif était de bâtir un nom, de gagner en crédibilité afin de pouvoir lancer ma propre agence par la suite.

 

mauvaise-presentation-marketingMais… le vent ne pousse pas toujours dans la direction désirée

Arrivé le jour où je devais présenter ma campagne PPC. Un vrai carnage. Le client n’aimait pas la couleur de la Landing Page, il trouvait ça un peu vieux jeu pour son produit.La deuxième remarque fut la plus difficile à avaler, surtout quand on est obsédé par le marketing. Le client n’aimait pas la «Tag line» de ma Landing page. J’étais sidéré, hors de moi, mais je ne pouvais pas répliquer.

 

Pour enfoncer le clou un peu plus loin, je n’avais pas de prévisions claires sur le trafic, ni sur les ventes que ma campagne pouvait générer, car je ne savais pas encore le budget qu’il désirait investir.

J’étais tout à fait à côté de la plaque. J’ai raté mon coup, et tout s’écroulait autour de moi.

Qu’ai-je manqué? Comment ai-je pu être autant hors cible? D’habitude, mes professeurs appréciaient mon travail à l’école! Qu’est-ce qui s’est passé dans ce petit bureau au troisième étage sur la rue Sherbrooke?

J’avais mal à l’orgueil et c’est encore plus difficile à admettre quand on est le seul responsable de nos échecs

Après tout, la question du budget, ça devrait être une priorité dans un briefing client! Pire encore! Je savais l’importance de la recherche en marketing, mais j’ai moi-même pris la décision de sauter cette étape. Si seulement j’avais pris le temps d’effectuer ma petite recherche avant de m’embarquer à créer un axe de communication pour cette campagne! Si seulement j’avais pris la peine de déterminer les objectifs de cette campagne et de poser les bonnes questions à ce client. Si seulement j’avais suivi les consignes que j’avais étudiées dans tout et chaque cours de marketing à l’université et que j’ai tellement pris de plaisir à appliquer dans mon cursus d’étudiant.

Tout d’un coup, tout était à sa place. La théorie des cours s’est transformée en réalité, et je n’y étais pas préparé.

Heureusement, un de mes défauts m’a pour une fois sorti de ce pétrin. Je suis de nature entêté et j’ai une sorte d’obsession envers tout ce que je fais. J’aurais pu tout laisser tomber, j’ai mis du temps à m’en remettre, mais je m’en suis remis.

Bien que mon deuxième client ait pris du temps à se manifester, je m’étais promis de ne pas refaire les mêmes erreurs. Pendant cette période creuse remplie de multiples remises en question, j’ai compris…

J’ai compris l’importance de bien étudier l’entreprise avant d’entamer un plan marketing.

J’ai compris qu’un axe de communication n’est pas forcément celui qu’on préfère, mais bien celui qui s’adresse le mieux à notre clientèle cible.

J’ai compris qu’un briefing client, c’est poser les bonnes questions et identifier des objectifs marketing clairs pour un budget alloué.

J’ai aussi compris qu’un client pressé n’est pas un mauvais client. Un client pressé, c’est tout simplement un client. Il n’accorde pas forcément d’importance aux petits détails que nous marketeurs, on voit et estime cruciaux à la livraison de campagnes marketing performantes et originales, et c’est à nous d’aller chercher cette information.

Un propriétaire d’entreprise, c’est comme un amoureux aveuglé par sa flamme. Il a besoin de se faire dire non quand il faut, oui quand il faut, et se faire corriger quand il faut. Quand on travaille pour un client, on doit être en mesure de mettre ses intérêts au centre de la relation, et des fois,  on doit être en mesure de le replacer pour l’aider à ouvrir les yeux sur ce que nous, nous voyons clairement. Oui oui, le replacer, il comprendra quand il verra le résultat, car après tout, c’est pour l’intérêt de son entreprise que vous faites ça.

 

plan-realite-entrepreneursAujourd’hui, je ne regrette rien, je suis heureux d’avoir fait cette erreur et j’en suis sorti grandi.

J’ai choisi de partager avec vous la petite histoire de mes débuts sur le net il y a quelques années. Aujourd’hui, j’ai la chance d’être entouré par une équipe en feu et de faire partie de l’aventure Ludis. Une chance! Je ne pense pas que j’aurais été capable de travailler ailleurs qu’en agence, c’est mon petit chemin à moi.

 

 

Cela étant dit, je continue à nourrir ma passion pour l’entrepreneuriat et je m’entoure de plus en plus d’entrepreneurs et de gens qui aspirent à ce domaine. Bientôt, j’aurais ma propre entreprise, je le sais.

J’ai beaucoup d’amis qui hésitent à foncer dans le tas et à se lancer en business. Mon conseil personnel est que peu importe comment vous imaginez votre chemin dans cette vie, il n’y en a pas un seul, mais plusieurs. Et bien souvent, il faut tomber pour mieux se relever.

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Salim Ammara, Ludis Media
Passionné du Marketing et du Web, blogueur dans mes temps libres et curieux de nature, j'ai rejoint la famille Ludis Madia en tant que Spécialiste en Marketing Automation. Je me fais un gros plaisir à échanger avec vous autour des meilleures pratiques en Inbound Marketing.

7 Responses to “Histoire d’un flop : la fois où j’ai dit oui”

  1. Merci pour cet article! Je suis entièrement d’accord avec le fait qu’il faut être capable d’expliquer ses choix au client, et ainsi assumer sa position d’expert.

  2. Alexandre Alexandre says : Reply

    Super article Salim! 😉

  3. Philippe Philippe says : Reply

    Très sympa cet article, il fait preuve de sagesse et d’humilité car c’est vrai que le client doit être replacé au centre en permanence et notre orgueil (mal placé parfois) au placard !

  4. Belle histoire qu’est la tienne mec.

    Ton aventure ne fait que commencer et sait-on ce qu’il reste à construire ! Des envies, des idées pour la suite ?

    • Merci Vincent,
      Oh yeah my friend! quelques projets en développement et des idées par dessus la tête. Prochain move: jbosse sur un petit bébé avec une clique de développeurs de l’université. Le lancement est pour bientôt et qui sait, ça sera peut être le prochain Facebook 🙂
      Toi, ça va bien tes affaires pour la place des décideurs?

  5. olivier olivier says : Reply

    Salut Salim,

    Le titre de ton article m’a captivé direct… Le début de l’article en revanche m’a un peu ennuyé et quelques lignes plus tard, je suis rentré dans ton histoire jusqu’au bout… Bravo pour croire en toi , d’être obstiné envers et contre tout…De vouloir t’affirmer et de tout faire pour poursuivre ton rêve… Que la force soit avec toi et ne lâche rien, tu vas y arriver c’est obligé!!! Peace

  6. Soufian Soufian says : Reply

    super article, et je suis d’accord sur le fait qu’il faut se crasher pour mieux repartir 🙂

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